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À la COP30, la Chine apparaît comme le leader de la transition écologique mondiale

par Elisabeth Martens, le 12 novembre 2025

La COP 30 s’est ouverte ce lundi 10 novembre 2025 dans la ville brésilienne de Belém. Alors que les États-Unis manquent à l'appel, Pékin se place comme un acteur hyper performant, mais aussi hyper compétitif dans la transition énergétique au niveau mondial. Le plan de la Chine pour diminuer la quantité de gaz à effet de serre

(GES) qu’elle rejette dans l’atmosphère déterminera en grande partie la trajectoire des émissions mondiales. Le président chinois Xi Jinping est représenté par son vice-Premier ministre Ding Xuexiang à la COP30 où la Chine apparaît comme le leader de la transition écologique mondiale.

 

Le président Lula du Brésil et le vice-Premier ministre chinois Ding Xuexiang
Le président Lula du Brésil et le vice-Premier ministre chinois Ding Xuexiang

Lula da Silva, le président brésilien, s'est rendu à la COP30 avec une voiture de marque chinoise, une BYD, principal constructeur de voitures électriques (VE) de la planète. Une nouvelle succursale de BYD a ouvert ses portes au Brésil récemment et a offert une trentaine de véhicules hybrides pour assister la logistique de la COP30. En montant à bord d'une BYD, Lula a désigné le partenaire incontournable sur la question climatique.

Bien que la Chine soit encore responsable du tiers des émissions à GES de la planète, Xi Jinping s'est engagé en 2020 à ce que les émissions de CO₂ de son pays atteignent un pic avant 2030 et que la Chine atteigne la neutralité carbone avant 2060. C'est une des raisons pour laquelle la Chine est le pays qui installe le plus d'énergies renouvelables au monde – solaire, éolien, hydraulique, géothermique – et est le plus grand innovateur en technologies de transition énergétique.

Cet effort porte ses fruits puisqu'il semble que la Chine atteindra son premier objectif plus rapidement que prévu. Certains observateurs affirment même que le pays a déjà atteint son pic de carbone : ses émissions de CO₂ n’ont pas augmenté au troisième trimestre de 2025 par rapport à 2024. Des analyses montrent que cela fait 18 mois consécutifs qu’il est parvenu à stabiliser ses émissions polluantes, rapporte Carbon Brief. Selon l’évaluation de Lauri Myllyvirta, du Centre for Research on Energy and Clean Air, basé à Helsinki, « cette tendance, qui a débuté en mars 2024, signifie que les émissions globales de CO₂ chinoises pourraient même être en légère baisse cette année, en fonction de ce qu’il se passera au cours du dernier trimestre. »

Cela a donné l'occasion à Xi Jinping d'annoncer le 24 septembre dernier que, dès 2035, les émissions de GES de la Chine se réduiraient d'au moins 7 à 10 % par rapport au niveau théorique de son pic. L’objectif annoncé par Pékin est ambitieux en valeur absolue. Cependant, selon des experts interrogés par « Nature », il risque de ne pas être suffisant pour respecter l’objectif de limiter le réchauffement global à + 2 °C.

Il apparaît d'autant plus important que les États-Unis et l'Inde, les deux autres pays les plus pollueurs de la planète, fassent également preuve d'engagement à diminuer leurs émissions de GES. Le Premier ministre indien Narendra Modi se fait représenter à la COP30 par son ambassadeur au Brésil, Dinesh Bhatia, tandis que les États-Unis se désintéressent complètement de la question climatique. Aucun délégué de Washington ne participe au sommet de l'ONU sur le climat.

En septembre dernier, le président Xi Jinping avait attaqué sans la nommer la puissance américaine. « Alors que certains pays agissent contre la transition, la communauté internationale doit rester engagée dans la bonne direction, inébranlable dans sa détermination, implacable dans ses actions », avait déclaré le dirigeant chinois en présentant les objectifs climatiques de la Chine jusqu’en 2035. L’abandon par les États-Unis de toute politique climatique ouvre un immense espace à l'acteur chinois. Le déni climatique de Trump joue en faveur de la Chine : moins Washington soutient le renouvelable, plus il perd son temps par rapport à Pékin.

En peu de temps, la Chine est devenue une hyper puissance des technologies de transition que ce soit dans le solaire, l'éolien, les batteries rechargeables, ou autres énergies renouvelables. Par exemple, en 2024, 55% des panneaux solaires installés dans le monde l'ont été par la Chine. Or selon Sébastien Treyer, directeur général de l'Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI), « l'économie mondiale ne peut que passer par la transition énergétique, la modernité sera électrique. »

La Chine des années 2010 fut visionnaire et a pensé l'économie de transition sur le long terme. Actuellement, déjà 90% des véhicules sont électriques en Chine. Les villes sont beaucoup moins polluées qu'avant, cela fait la fierté des citadins chinois et pousse le marché intérieur des VE. De même pour les usines, beaucoup moins polluantes qu'avant, par exemple, la production de ciment et d’acier a affiché une baisse de ses émissions de CO₂ durant le dernier trimestre. Ces résultats encourageants multiplient les initiatives chinoises. Les innovations technologiques ouvrent les portes à une multitude d'entreprises nouvelles et concurrentielles, avec le risque qu'une compétitivité massive dépasse la capacité d’absorption du marché intérieur.

Dans ce cas, la Chine inonderait la planète de ses « produits verts ». Déjà en amont de la COP30, Ding Xuexiang, vice-Premier ministre chinois, a appelé à lever les barrières douanières et commerciales sur les produits de lutte contre le changement climatique et à « travailler avec toutes les parties pour promouvoir sans relâche le développement vert et à faible émission de carbone ». Il a jouté que « nous devons renforcer la collaboration internationale dans le domaine des technologies et des industries vertes, supprimer les barrières commerciales et garantir la libre circulation des produits verts de qualité afin de mieux répondre aux besoins du développement durable mondial. »

Mais inonder le marché mondial n'est pas une solution. Au début de l'année 2026, la Chine va annoncer son 15ème plan quinquennal, date qui correspond à la fin du mandat de Xi Jinping. Il faudra qu'elle adopte le bon niveau de réglage de la demande intérieure par rapport à ce qui peut être écoulé à l'extérieur, tout en anticipant les conséquences sociales afin d'éviter d'éventuels crash.

 

 

Sources :

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-d-un-jour-dans-le-monde/l-invite-d-un-jour-dans-le-monde-du-lundi-10-novembre-2025-7296349

https://www.lemonde.fr/planete/article/2025/11/07/cop30-la-chine-soutient-l-action-climatique-par-interet-economique-avant-tout_6652648_3244.html

https://www.liberation.fr/environnement/la-chine-nouvelle-championne-de-la-lutte-contre-les-emissions-carbone-malgre-des-ambitions-limitees-20250925_OEMDZDDCIZBY7L2F7VDU6WQXVM/

https://www.carbonbrief.org/analysis-chinas-co2-emissions-have-now-been-flat-or-falling-for-18-months/

https://www.lalibre.be/dernieres-depeches/2025/11/06/cop30-la-chine-appelle-a-lever-les-barrieres-commerciales-sur-les-produits-verts-CDNBUPDWWNAJ3MBM4WZXVUTHJ4/

https://www.carbonbrief.org/analysis-chinas-co2-emissions-have-now-been-flat-or-falling-for-18-months/

https://www.lalibre.be/dernieres-depeches/2025/11/06/cop30-la-chine-appelle-a-lever-les-barrieres-commerciales-sur-les-produits-verts-CDNBUPDWWNAJ3MBM4WZXVUTHJ4/