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Du carbone bleu grâce à la restauration des écosystèmes côtiers

par Élisabeth Martens, le 10 août 2020

Le terme de « carbone bleu » désigne le carbone qui est fixé via les écosystèmes océaniques côtiers, plutôt que par les écosystèmes terrestres traditionnels, comme les forêts. Bien que les habitats végétalisés de l'océan couvrent moins de 0,5% des fonds marins, ils sont responsables de plus de 50%, et potentiellement jusqu'à 70%, du stockage de carbone dans les sédiments océaniques, ceci grâce à la croissance des plantes et à l'accumulation et l'enfouissement de matière organique dans le sol. De nombreux écosystèmes océaniques ou littoraux font figure de candidats potentiels à l’aspiration du carbone: les mangroves et les herbiers. Tous deux ont la bonne idée de ne pas être trop éloignés du littoral et leur appétit pour les molécules de CO2 semble insatiable.

 

Les mangroves sont des arbres qui aiment le sel et jouent un rôle important dans l'écologie des océans. Leurs racines stabilisent les côtes tout en fournissant un habitat marin important pour les poissons et les oiseaux migrateurs. Les mangroves offrent également une protection côtière naturelle à des millions de personnes en protégeant les plages des vagues et des ouragans.  

À Taïwan, la plus vaste pièce de mangrove se trouve le long de la côte occidentale, en particulier dans l'estuaire du Tanshui et plus au sud, dans la réserve de  Chan Yunchia. Les  côtes de l'île de Hainan, dans le sud de la Chine, étaient jadis en grande partie bordées de mangroves qui ont aujourd'hui quasiment disparu. Il n'en reste que quelques petites zones, dont 22 mangroves bien développées, situées à l'intérieur de réserves naturelles (dix-sept en Chine et cinq à Taïwan).

Les mangroves ont été largement exploitées pour la production de bois de feu et de charbon de bois. La diminution du couvert de mangroves s'est répercutée sur l'utilisation de leur bois et de leurs tanins, qui a décliné, alors que celle des plantes médicinales reste importante. De vastes étendues ont aussi été bonifiées pour l'agriculture.

Actuellement, on détruit encore des mangroves pour installer des exploitations de crevettes, mais ces déboisements ont pratiquement cessé. En revanche, la plantation de mangroves, en bandes, est de plus en plus encouragée pour la protection des côtes. Ces bandes, normalement composées de Kandelia candel, sont plantées devant les terres bonifiées et se sont avérées très efficaces pour protéger les digues contre les dégâts des cyclones. 

En Chine, la restauration des mangroves remonte à la fin des années 1950 où, après une interruption entre 1966 et 1979, leur restauration a repris un certain élan. Les mangroves du Bangladesh, de la Malaisie et de l’Indonésie sont également concernées par ces projets de restauration des biotopes côtiers.

Le militant écologiste, Liu Yi, 26 ans, est président du « China Mangrove Conservation Network » (CMCN) et directeur honoraire de l'Association « Greenwild » de l'Université de Xiamen. En 2001, il a fondé le projet de protection des mangroves en Chine pour aider à protéger les mangroves des cinq provinces du sud-est de la Chine. Avec son équipe, Liu Yi promeut un large éventail de projets impliquant la recherche, la réhabilitation, l'éducation, le développement communautaire et la formation. Son objectif est de sensibiliser le public à la nécessité de restaurer et de protéger les mangroves, non seulement pour le bénéfice de la faune, mais aussi pour accroître la protection côtière, et en même temps, impliquer des milliers de personnes dans la conservation de ces écosystèmes qui s'avèrent extrêmement précieux dans la lutte contre le réchauffement climatique.

En effet, des études scientifiques indiquent que ces écosystèmes peuvent être judicieusement exploités pour séquestrer le dioxyde de carbone et aider la lutte contre le réchauffement climatique. Le principe du "Carbone bleu" (en jargon onusien) est simple: utiliser les capacités à stocker le gaz carbonique de certains végétaux marins pour défalquer le CO2 ainsi capté du bilan carbone national. Dès lors, la restauration des mangroves, des herbiers marins, des marais salants et des forêts de varech se pratique de plus en plus sur les côtes du sud-est asiatique.

Au cours des années 2000, 16 projets ont été lancés par le « China Mangrove Conservation Network ». Plus de 40 ONG, groupes de bénévoles, communautés côtières, écoles et instituts de recherche se sont joints au réseau. 200 000 étudiants ont participé aux programmes d'éducation au développement durable et 3 000 bénévoles ont contribué au reboisement de plus de 150 000 mangroves. La portée du projet fut remarquable et Liu Yi fut désireux d’étendre son travail au reste de la Chine. Il s'est appuyé sur sa base pour diffuser une compréhension à l’échelle nationale de la nécessité de protéger les mangroves chinoises.

Le militant écologiste, Liu Yi, président du China Mangrove Conservation Network (CMCN) et directeur honoraire de l'Association Greenwild de l'Université de Xiamen.
Le militant écologiste, Liu Yi, président du China Mangrove Conservation Network (CMCN) et directeur honoraire de l'Association Greenwild de l'Université de Xiamen.

 

En effet, des études scientifiques montrent que ces écosystèmes sont susceptibles de séquestrer du dioxyde de carbone en grande quantité et d'aider ainsi la lutte contre le réchauffement climatique. Le principe du "Carbone bleu" (en jargon onusien) est simple: utiliser les capacités à stocker le gaz carbonique de certains végétaux marins pour défalquer le CO2 capté du bilan carbone national. Dès lors, la restauration des mangroves, des herbiers marins, des marais salants et des forêts de varech se pratique de plus en plus sur les côtes du sud-est asiatique.

Les herbiers marins sont composés de plantes à fleurs et sont présents dans les eaux peu profondes dans de nombreuses régions du globe, des tropiques au cercle arctique. Les herbiers marins restaurés séquestrent le carbone dans les sédiments au bout de quatre ans seulement, lorsque le pré atteint une densité de pousses suffisante pour provoquer le dépôt de sédiments.

L'importance écologique des herbiers marins est soulignée dans un nouveau rapport, "Herbiers marins : un poumon vert inestimable pour la planète et l'humanité", publié par le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) en collaboration avec le Centre mondial de surveillance de la conservation de la nature du PNUE (UNEP-WCMC). Le message est clair : des herbiers marins en bonne santé sont une source d'opportunités pour atténuer le changement climatique, s'adapter aux changements futurs, renforcer la résilience et offrir de multiples avantages supplémentaires à la société.

"La revégétalisation des herbiers marins empêche l'érosion des dépôts de carbone organique qui se sont accumulés au cours des siècles" soulignent les scientifiques qui estiment que le "potentiel de stockage sous-marin du carbone est énorme compte tenu du nombre de zones propices à la revégétalisation dans les océans du monde".

 

Sources:

https://whitleyaward.org/winners/mangrove-protection-project-china/

http://www.fao.org/forestry/mangrove/vegetation/fr/chn/

https://www.unenvironment.org/fr/resources/rapport/herbiers-marins-un-poumon-vert-inestimable-pour-la-planete-et-lhumanite

https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/il-faut-sauver-les-posidonies-ces-plantes-a-fleurs-des-fonds-sous-marins_15518