« Constellation informatique Three-Body » : la Chine construit le premier superordinateur orbital du monde
par Hua Bin, le 27 mai 2025
Le 14 mai dernier, la Chine a lancé depuis le centre spatial de Jiuquan une fusée Longue Marche 2D embarquant la première série de satellites de sa constellation informatique spatiale. Mais ces douze engins n’ont rien de satellites ordinaires : ce sont en réalité de véritables superordinateurs orbitaux, conçus pour le traitement de données et les applications d’intelligence artificielle directement dans l’espace. Ils constituent le premier maillon du projet « Three-Body Computing Constellation », un réseau qui comptera à terme 2 800 satellites d’ici à 2028. L’ambition : bâtir la première infrastructure mondiale de calcul spatial.

Un cloud d’intelligence artificielle en orbite
Développé par Zhejiang Lab — un partenariat entre le gouvernement du Zhejiang, l’Université du Zhejiang et Alibaba —, le projet vise à permettre le traitement de données en orbite et la communication laser inter-satellites.
Révélé pour la première fois lors de la Conférence mondiale de l’Internet en novembre dernier, le programme entend révolutionner le calcul de haute performance en s’affranchissant des limites terrestres.
À terme, la constellation devrait atteindre une puissance de calcul de 1 000 pétaflops, soit l’équivalent d’un quintillion d’opérations par seconde — ou encore la puissance combinée de 200 millions de smartphones haut de gamme. Les satellites, dotés de capacités avancées en IA, de liaisons laser à 100 Gbps et de charges utiles d’observation, formeront un réseau de calcul distribué rivalisant avec les plus grands centres de données terrestres.
Pourquoi déplacer le calcul vers l’espace ?
Les data centers actuels consomment une quantité d’énergie colossale. Selon l’Agence internationale de l’énergie, ils pourraient dépasser les 1 000 térawattheures par an dès 2026 — soit la consommation totale du Japon.
Face à cette explosion des besoins, les géants du numérique comme Microsoft, Google ou Oracle prévoient même de construire leurs propres centrales nucléaires privées.
La Chine, déjà premier producteur mondial d’électricité, multiplie également les investissements : centrales nucléaires au thorium, barrages géants comme celui du Yarlung Zangbo au Tibet (trois fois plus vaste que les Trois-Gorges), ou encore fermes solaires et éoliennes à grande échelle. Mais l’espace offre une ressource énergétique infinie : le soleil. Les satellites de la constellation seront alimentés par leurs propres panneaux solaires, sans aucune émission carbone.
Un refroidissement naturel et sans contraintes
Autre problème des centres de données terrestres : la dissipation de chaleur. En 2022, Google a utilisé près de 20 milliards de litres d’eau pour refroidir ses installations. En orbite, pas besoin de tours de refroidissement : la chaleur est simplement radiée dans le vide spatial. De plus, l’espace offre un volume illimité : la Chine pourra y déployer autant de superordinateurs qu’elle le souhaite.
Des données traitées directement en orbite
Aujourd’hui, les satellites d’observation collectent d’immenses volumes de données qu’il faut retransmettre sur Terre pour analyse — un processus limité par la bande passante et la disponibilité des stations au sol. Résultat : plus de 90 % des données spatiales ne sont jamais exploitées.
Le réseau Three-Body, lui, traite les données localement, en orbite. Les satellites n’envoient plus que les résultats d’analyse aux stations terrestres, permettant une prise de décision quasi instantanée — un atout crucial dans les domaines militaires ou de sécurité.
Selon Zhejiang Lab, chaque satellite peut effectuer jusqu’à 744 000 milliards d’opérations par seconde, avec 30 téraoctets de stockage et une puissance combinée de 5 POPS pour les douze premiers engins.

Un réseau résilient et stratégique
L’architecture distribuée rend la constellation hautement résistante : la perte d’un satellite n’affecte que marginalement la puissance totale. De plus, les infrastructures terrestres de calcul sont vulnérables aux attaques en cas de conflit, contrairement aux systèmes spatiaux, beaucoup plus difficiles à atteindre.
La constellation Three-Body servira aussi de plateforme de calcul pour les futures missions spatiales et viendra compléter le réseau Thousand Sail ULEO, dédié aux communications 6G.
Vers une nouvelle ère du calcul spatial
Avec la constellation Three-Body, la Chine se positionne à l’avant-garde du calcul durable et spatial, fusionnant intelligence artificielle, énergie solaire et exploration orbitale. Un projet à la croisée de la science-fiction et de la réalité, qui pourrait bien redéfinir la manière dont l’humanité traite et consomme les données.
URL de l'article en anglais: https://huabinoliver.substack.com/p/three-body-computer-constellation
Traduction automatique par ChatGPT