Affronter la crise climatique grâce à la coopération scientifique et technologique
par Zhao Gang, chercheur à l’Académie chinoise des sciences et technologies pour le développement, pour Dialogue Chine-France, le 14 janvier 2022
La Conférence de Glasgow sur le climat (COP26), qui a eu lieu en novembre 2021, marque une percée majeure en matière de lutte mondiale contre les changements climatiques. De nouveaux objectifs de transition énergétique y ont été proposés, et la « sortie du charbon » a été inscrite à l’agenda de l’action climat des pays participants.
En particulier, la Chine et les États-Unis ont signé, en marge de la COP26, la Déclaration conjointe sino-américaine de Glasgow sur le renforcement de l’action climatique dans les années 2020, ce qui a donné un coup de pouce inattendu au succès de la COP26. En effet, la Chine mène depuis longtemps une coopération avec la communauté internationale en ce qui concerne la lutte contre les changements climatiques, et surtout avec les États-Unis, l’Europe et les pays participant à l’initiative « la Ceinture et la Route ».
Un bon point de départ
Déjà en novembre 2007, la Chine a officiellement publié le Programme de coopération scientifique et technique internationale en matière d’énergies renouvelables et d’énergies nouvelles. Il constitue un appel à la mobilisation du gouvernement et de la société chinois au vu des nouvelles circonstances et des nouveaux défis, notamment la transition énergétique mondiale, l’aggravation des dérèglements climatiques, la dégradation de l’environnement et l’émergence de l’économie bas carbone.
Dès l’année 2000, l’Europe, et plus particulièrement le Royaume-Uni, s’est fixé comme objectifs de développer une économie, une industrie et une société à faibles émissions de carbone. L’Union européenne a publié en 2005 un rapport sur la société sobre en carbone, et parallèlement, les Nations Unies se sont engagées dans des actions en faveur du développement durable. Dans un tel contexte, le ministère chinois des Sciences et Technologies et la Commission nationale pour le développement et la réforme ont porté ensemble la mise en œuvre du Programme susvisé. Ce dernier prévoyait que le gouvernement chinois finance, à hauteur d’environ 200 millions de yuans investis chaque année, des projets en lien avec les changements climatiques, qui sont ensuite réalisés par une foule d’institutions et de particuliers dans le monde (scientifiques, entreprises, universités, etc.).
Ces dernières années, la Chine promeut toujours la coopération avec la communauté internationale, dans le cadre des Nations Unies, pour enrayer les changements climatiques. Prenons l’exemple du Mémorandum d’entente sur la réalisation des objectifs de développement durable grâce à l’innovation scientifique et technologique, signé par le ministère chinois des Sciences et Technologies et les Nations Unies. En misant sur les domaines prioritaires fixés dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 (ou Agenda 2030), les deux parties ont promu de concert le développement de la plate-forme en ligne du Mécanisme de facilitation des technologies et de la Banque des technologies vertes, et ont collaboré pour mener des études stratégiques sur le transfert, la transformation, l’évaluation et la certification des écotechnologies. Elles ont co-organisé des formations et des rencontres d’échanges pour partager activement leurs expériences sur la Banque des technologies vertes et les zones de démonstration innovantes dans le cadre de l’Agenda 2030, pour amener les sciences et technologies à contribuer davantage au développement durable.
Des faits saillants dans la coopération sino-américaine sur le climat
Malgré la dégradation des relations sino-américaines ces dernières années, les États-Unis ont toujours souligné leur volonté de coopérer avec la Chine dans la lutte contre les changements climatiques, et John Kerry, émissaire spécial du président américain sur le climat, a effectué deux visites en Chine. À vrai dire, si l’on analyse l’histoire de la coopération scientifique et technologique entre les deux pays, force est de constater que l’énergie, la question climatique et l’environnement sont les principaux sujets de leur collaboration.
Depuis que la Chine et les États-Unis ont noué des liens diplomatiques, les scientifiques des deux pays maintiennent une étroite coopération sur diverses problématiques, et l’un des domaines importants est l’énergie, et surtout l’énergie nucléaire. L’Accord de coopération sur l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire conclu entre la Chine et les États-Unis a marqué un jalon dans l’histoire de leur coopération scientifique et technologique, et préparé le terrain à l’exportation de technologies propres au niveau énergétique depuis les États-Unis vers la Chine.
Autre événement marquant : le projet de coopération qui a abouti à la fondation du Centre de recherche sino-américain sur les énergies propres en 2010. Au cours des cinq premières années de coopération du Centre, les deux parties ont investi dans les domaines des véhicules électriques, du « charbon propre » et de la construction écologique, pour un total de 150 millions de dollars (75 millions de dollars chacune), une grande première dans l’histoire de la coopération sino-américaine. Ce projet a d’ailleurs été salué comme étant un modèle de coopération entre les deux pays. Le président chinois de l’époque, Hu Jintao, et le président américain de l’époque, Barack Obama, ont personnellement assisté à la cérémonie de signature du protocole de coopération, et des institutions scientifiques chinoises et américaines ont participé au projet, dont des grands laboratoires, des entreprises clés et des universités. D’après des statistiques incomplètes, la Chine a mobilisé plus de 10 000 professionnels (scientifiques, ingénieurs et entrepreneurs), et les États-Unis, plus de 6 000, auxquels il faut ajouter les nombreuses personnes qui soutenaient ce projet. Pendant la coopération, divers séminaires et autres activités ont été organisés. Ce qui m’avait le plus impressionné, c’est de savoir qu’alors que nous suivions une conférence à Washington, sept événements se déroulaient en même temps. Cela a laissé une empreinte indélébile dans le passé de la coopération sino-américaine. Le secrétaire américain à l’Énergie d’alors, Steven Chu, avait joué un rôle très important dans la promotion de cette coopération, et il l’avait saluée comme un exemple sans précédent dans l’histoire de la coopération sino-américaine.
Une coopération Chine-Europe solide et poussée
Attachées à construire un modèle de développement vert et bas carbone de haute qualité, la Chine et l’Europe entretiennent depuis longtemps des relations de coopération amicale pour ce qui est de la lutte contre les changements climatiques. Les deux parties collaborent notamment pour la transition énergétique, le système d’échange de quotas d’émissions de carbone, l’innovation et la recherche scientifique ou encore la finance verte, domaines dans lesquels la Chine et l’Europe manifestent une forte complémentarité. De nombreuses possibilités de coopération existent entre elles en matière de gouvernance climatique et de promotion du développement vert.
Plus spécifiquement, la Chine maintient une coopération substantielle avec des pays européens tels que l’Allemagne, la France et l’Italie.
Le ministère italien de l’Environnement, du Territoire et de la Mer et le ministère chinois des Sciences et Technologies ont conjointement mis en place le Mécanisme pour un développement propre (MDP), financé par les gouvernements des deux parties. En outre, ils ont organisé des études mettant en collaboration des institutions de recherche, des universités et des entreprises, en se focalisant sur la recherche et la coopération au sujet de l’efficacité énergétique des bâtiments, ce qui a stimulé la recherche, le développement et l’utilisation du MDP en Chine.
La Chine et l’Allemagne ont créé un Parc écologique sino-allemand à Qingdao. De plus, le ministère chinois des Sciences et Technologies et le ministère fédéral allemand de l’Éducation et de la Recherche ont coopéré pour mettre en place des projets de R&D sur les vélos électriques, les voitures électriques et les véhicules hybrides, et ont ouvert des laboratoires conjoints à Beijing et à Shanghai. Les villes allemandes de Berlin, Munich et Hambourg et les villes chinoises de Shanghai, Wuhan et Dalian ont convenu de former des « villes de démonstration partenaires », de sorte que les véhicules électriques qui apparaissent dans un pays fassent aussi leur entrée dans l’autre pays à des fins d’application et de démonstration, ce qui a largement favorisé les activités de R&D pour l’adaptation d’un marché à l’autre.
Dans le cadre de la coopération sino-française, la construction du Parc écologique sino-français de Chengdu s’avère un modèle de développement vert et bas carbone, marqué par la coopération dans les sphères du transport intelligent, de l’énergie intelligente, de la fabrication d’équipements haut de gamme, de l’économie d’énergie et de la protection de l’environnement.
En septembre 2021, lors de la 76e session de l’Assemblée générale des Nations Unies, la Chine a annoncé qu’elle soutiendrait vigoureusement l’essor des énergies propres et du bas carbone dans les pays en développement et qu’elle ne déploierait plus de nouveaux projets de centrales à charbon à l’étranger. Il s’agit d’un engagement vraiment lourd de sens, revêtant une grande importance pour le soutien à la coopération de la Chine avec les pays étrangers sur les questions écologiques et la construction commune de l’initiative écoresponsable « la Ceinture et la Route ».