Le Sommet de Samarcande, un nouveau type de relations internationales

par Tian Dewen*, pour Dialogue Chine-France, le 8 octobre 2022

Parmi les points forts du Sommet, le premier est l’expression des attitudes à l’égard d’un large éventail de questions mondiales, notamment le maintien de la sécurité alimentaire internationale, la sécurité énergétique internationale, la lutte contre le changement climatique, le maintien de la sécurité, la stabilité et la diversification des chaînes d’approvisionnement, afin d’injecter des éléments constructifs et stables dans la gouvernance globale en cette période de turbulence mondiale.

 

Du 15 au 16 septembre 2022, la 22e réunion du Conseil des chefs d’État des pays membres de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) s’est tenue à Samarcande en Ouzbékistan. Au cours du Sommet, les chefs d’États ont eu des discussions en petit comité, et ceux de tous les pays participants ont conjointement tenu des discussions en assemblée. Les pays ont par ailleurs tenu des pourparlers bilatéraux ou multilatéraux approfondis entre eux, fournissant une plateforme de choix pour renforcer les échanges à tous les niveaux et la communication stratégique, et approfondir la compréhension et la confiance politique mutuelles.   

Lors de la conférence, le président chinois Xi Jinping a prononcé un discours intitulé « Suivre la tendance de notre époque et renforcer la solidarité et la coopération pour bâtir ensemble un meilleur avenir », proposant que l’OCS, en tant que force constructive importante dans les affaires internationales et régionales, puisse avoir le courage de faire face à l’évolution de la situation internationale, suivre fermement la tendance de l’époque, renforce continuellement la solidarité et la coopération, et s’attache à la construction d’une communauté de destin de l’OCS plus solide.  

La cérémonie pour le voyage inaugural de l’Express sino-russe entre la zone de démonstration de Chine-OCS et le port de Vladivostok, se tient au port de Qingdao (Shandong), le 14 septembre 2022. 
La cérémonie pour le voyage inaugural de l’Express sino-russe entre la zone de démonstration de Chine-OCS et le port de Vladivostok, se tient au port de Qingdao (Shandong), le 14 septembre 2022. 

 

L’OCS a été créée le 15 juin 2001. Les membres fondateurs sont la Chine, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan, qui étaient membres du Mécanisme de réunion des cinq pays de Shanghai fondé en 1996. En 2017, l’Inde et le Pakistan sont devenus membres à part entière de l’OCS, qui est actuellement l’une des plus grandes organisations internationales au monde en termes de PIB. Selon l’évaluation de la Banque mondiale, le PIB des membres de l’OCS (avec l’Iran) atteignait 23 500 milliards de dollars en 2021, contre environ 17 000 milliards de dollars pour l’Union européenne. Même si l’on prend en compte l’OCS sans l’Iran (avec un PIB d’environ 1 080 milliards de dollars) et l’UE avant le Brexit il y a deux ans (le PIB britannique était de 3 000 milliards de dollars), le PIB de l’OCS est toujours supérieur de plus de 2 000 milliards de dollars à celui de l’UE.   

Par rapport aux organisations internationales dominées par l’Occident, la plus grande caractéristique de l’OCS est qu’elle incarne pleinement le nouveau type de relations internationales caractérisé par le respect mutuel, l’ouverture et l’inclusivité, ainsi que les bénéfices mutuels et le gagnant-gagnant. Dans le cadre de l’OCS, on trouve non seulement des pays nouvellement industrialisés, des pays riches en énergie et les pays les plus peuplés du monde, mais aussi des pays en voie de développement avec un PIB par habitant très faible et de petits pays peu peuplés. Il existe de grandes différences entre les États membres en termes de traditions historiques, de systèmes politiques et de croyances religieuses, tout comme il existe de profondes contradictions historiques entre certains États membres, voire même des conflits. Cependant, guidée par l’esprit de Shanghai de « confiance mutuelle, avantages mutuels, égalité, consultation, respect des diverses civilisations et recherche d’un développement commun », l’OCS a obtenu des réalisations historiques, attirant de plus en plus de pays à se joindre à ce cadre réussi de coopération internationale.   

Vue de la centrale hydroélectrique de Turgusun (Kazakhstan), le 28 juillet 2021. Sa construction a commencé en 2017 dans le cadre de « la Ceinture et la Route ». 
Vue de la centrale hydroélectrique de Turgusun (Kazakhstan), le 28 juillet 2021. Sa construction a commencé en 2017 dans le cadre de « la Ceinture et la Route ». 

 

En 2015, M. Xi a présenté le concept de construction d’un nouveau type de relations internationales aux Nations Unies, et le Sommet de l’OCS à Samarcande a été exemplaire à cet égard.  

Premièrement, la condition préalable à un nouveau type de relations internationales est une coopération égale entre les pays. L’OCS a établi un cadre de coopération intergouvernementale à plusieurs niveaux pour promouvoir la paix et le développement grâce à une coopération internationale entièrement volontaire entre les gouvernements participants sur la base de l’adhésion résolue au principe de non-ingérence dans les affaires intérieures de chacun. Jusqu’à présent, l’OCS a établi un mécanisme de réunions intergouvernementales à plusieurs niveaux dans différents domaines comprenant les chefs d’État, les premiers ministres, les procureurs généraux, les ministres de l’Intérieur et de la Sécurité publique, des Affaires étrangères, de la Défense, de l’Économie et du Commerce, de la Culture, des Transports et des Catastrophes et Situations d’urgence. Par le dialogue et la consultation, ce mécanisme parvient à un consensus de principe et à des accords de coopération sur des questions d’intérêt commun à tous les pays. Il garantit la communauté des idées et le pragmatisme de ses résultats, et assure que tous les pays participants puissent tirer parti de ce cadre de coopération internationale.   

Deuxièmement, le principe du nouveau type de relations internationales doit être inclusif plutôt qu’exclusif, et la coopération doit remplacer la confrontation. L’OCS a toujours maintenu une ouverture totale et n’ira jamais à l’encontre de la volonté d’un pays qui souhaiterait rejoindre ce cadre de coopération, et encore moins prendre des mesures exclusives et hostiles contre une tierce partie. Conformément aux dispositions de la Déclaration sur la création de l’Organisation de coopération de Shanghai et de la Charte de l’Organisation de coopération de Shanghai, l’OCS respecte les objectifs et principes de la Charte des Nations Unies et adhère fermement au principe de non-alignement et d’ouverture à d’autres pays et organisations. Depuis la création de l’OCS, elle n’a jamais fait de remarques conflictuelles contre un acteur international, et encore moins pris des actions collectives qui nuisent à autrui et profitent qu’à l’organisation.  

La cérémonie d’ouverture du tunnel de Kamchik (Ouzbékistan) sur la ligne de chemin de fer Angren-Pap, le 27 février 2016 
La cérémonie d’ouverture du tunnel de Kamchik (Ouzbékistan) sur la ligne de chemin de fer Angren-Pap, le 27 février 2016 

Troisièmement, le nouveau type de relations internationales a pour objectif de jeter des bases solides dans la coopération pragmatique entre les pays, et les pays recherchent un développement commun dans un esprit de coopération gagnant-gagnant. La première mission de l’OCS est de maintenir et de renforcer la paix, la sécurité et la stabilité régionales, et de lutter conjointement contre le terrorisme, le séparatisme et l’extrémisme, le trafic de drogue et d’armes ainsi que les crimes transnationaux. La seconde mission vise la coopération dans la culture, les sciences et technologies, l’éducation, l’énergie, les transports et les finances pour favoriser le développement socioéconomique global et équilibré, et améliorer continuellement le niveau de vie des populations des États membres. Fin 2021, bien que le volume des échanges entre les États membres de l’OCS ait atteint 7 500 milliards de dollars, il ne représentait que 10,3 % du commerce extérieur total des États membres. La marge de développement reste immense.   

La Déclaration de Samarcande du Conseil des chefs d’État de l’Organisation de coopération de Shanghai souligne son opposition à la formation de cliques, à l’idéologie ainsi qu’aux conflits pour la résolution des problèmes internationaux et régionaux, et réitère la nécessité de promouvoir conjointement la construction d’un nouveau type de communauté internationale caractérisée par le respect mutuel, l’équité et la justice, la coopération gagnant-gagnant et l’importante signification pratique du concept de communauté de destin pour l’humanité. Le Sommet a obtenu des résultats fructueux dans cette direction.   

Parmi les points forts, le premier est l’expression des attitudes à l’égard d’un large éventail de questions mondiales, notamment le maintien de la sécurité alimentaire internationale, la sécurité énergétique internationale, la lutte contre le changement climatique, le maintien de la sécurité, la stabilité et la diversification des chaînes d’approvisionnement, afin d’injecter des éléments constructifs et stables dans la gouvernance globale en cette période de turbulence mondiale.   

Le second est l’expansion rapide du cercle d’amis de l’OCS. Le Sommet a signé un mémorandum sur les obligations de l’Iran pour rejoindre l’organisation, lancé le processus d’approbation de la Biélorussie en tant qu’État membre, et convenu de faire de l’Égypte, de l’Arabie saoudite, du Qatar, du Bahreïn, des Maldives, des Émirats arabes unis, du Koweït et du Myanmar des nouveaux partenaires de dialogue, démontrant ainsi le fort attrait du nouveau type de relations internationales.   

Le troisième est qu’au cours de la réunion, divers pays sont parvenus à un consensus de principe sur la coopération pragmatique, parmi lesquels ceux liés à la Chine incluent le projet de chemin de fer Chine-Kirghizistan-Ouzbékistan, l’amélioration du niveau de coopération gazière entre la Chine et le Turkménistan, la poursuite de la construction du corridor économique Chine-Mongolie-Russie, et le repositionnement des relations entre la Chine et la Biélorussie comme un « partenariat stratégique global de tous temps ». Il s’agit d’actes exemplaires qui montrent aux pays du monde entier un nouveau type de relations internationales.  

*TIAN DEWEN • directeur adjoint et chercheur de l’Institut des études sur la Russie, l’Europe orientale et l’Asie centrale de l’Académie des sciences sociales de Chine 

 

URL de l'article: https://www.nouvelobs.com/chroniques/20220912.OBS63085/a-samarcande-vers-un-front-du-refus-antioccidental.html