Du « nucléaire vert » dans le désert de Gobi
par Elisabeth Martens, le 8 décembre 2025
Être en Chine, c'est vital pour toute industrie, surtout après l'annonce du premier décembre 2025 du démarrage de la première centrale nucléaire prototype au Thorium, ressource propre et illimitée, qui assure 10 ans d'avance à la Chine sur le reste du monde.
https://www.transitionsenergies.com/premier-reacteur-nucleaire-mondial-thorium-sels-fondus-etape-cruciale/?
La Chine a mis en service le premier réacteur nucléaire au thorium à sels fondus au monde, situé dans le désert de Gobi. En 2025, ce réacteur expérimental a réussi des avancées importantes, comme la conversion de combustible thorium-uranium et le rechargement sans arrêt de l'activité. La Chine prévoit de construire un réacteur plus grand de 10 MW d'ici 2030.
Bien qu'il s'agisse actuellement d'un réacteur expérimental, et non d'une centrale électrique commerciale, ces avancées positionnent la Chine comme le leader mondial dans le développement de cette technologie, considérée comme plus sûre et plus propre que les réacteurs à uranium conventionnels. L'objectif à long terme est de construire un réacteur de démonstration plus grand d'ici 2030, en vue d'une application commerciale vers 2035.
En théorie, un réacteur nucléaire au thorium refroidi au sel fondu offre de très nombreux avantages. Celui de la puissance et de l’abondance de l’électricité nucléaire sans avoir de dimension militaire, en garantissant une plus grande sécurité, sans consommer d’eau pour le refroidir et sans avoir à gérer ensuite de grandes quantités de déchets radioactifs. En outre, le thorium est un minerai abondant. Le problème technique essentiel tient à la difficulté de maintenir la réaction en chaîne. Il faut parvenir à transformer dans le réacteur une petite partie du thorium en uranium. Ce que la Chine est apparemment parvenue à faire de façon permanente dans son réacteur expérimental entré en service en 2023. Une avancée majeure pour cette technologie maintenant prometteuse.
Le 11 octobre 2023, le réacteur a atteint sa première criticité (une réaction nucléaire auto-entretenue). Il a atteint sa pleine puissance opérationnelle (2 MWth) en juin 2024. En octobre 2024, la Chine a réalisé avec succès la première conversion de combustible nucléaire thorium-uranium dans un réacteur à sels fondus en fonctionnement, prouvant ainsi la faisabilité de "l'incubation" de combustible fissile à partir du thorium fertile. En avril 2025, les scientifiques chinois ont réussi à recharger le réacteur en combustible sans l'arrêter, une première mondiale pour cette technologie.
Cette avancée pourrait réduire à terme la dépendance de la Chine à l’uranium enrichi russe et accélérer son ascension pour devenir la puissance nucléaire civile dominante dans le monde. Et grâce à l’abondance du thorium sur son territoire, cette technologie pourrait transformer la sécurité énergétique à long terme de la Chine. Selon le South China Morning Post, un seul site minier en Mongolie intérieure « contiendrait suffisamment de cet élément pour alimenter la Chine entière pendant plus de 1 000 ans ».
