Ce qu’il faut retenir du Congrès mondial de la nature de l’UICN
par l'Agence Française de Développement, le 14 Septembre 2021
Le Congrès mondial de la nature de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), organisé du 3 au 11 septembre à Marseille, a placé la protection de la biodiversité au coeur de l’agenda international. Voici 6 points à retenir
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1. Une très forte mobilisation pour la biodiversité
Avec 4 000 participants issus de la société civile, de gouvernements, d’entreprises ou d’universités présents à Marseille, et quelques milliers d’autres en ligne, le Congrès a constitué « un moment de mobilisation très important pour la biodiversité », observe Gilles Kleitz, directeur du département Transition écologique à l’AFD.
Près de 1 300 sessions interactives – tables rondes, expositions, formations, visites – y ont été organisées autour de nombreux thèmes liés à la biodiversité : aires protégées, mainstreaming, financement, solutions fondées sur la nature… « Un consensus se dégage désormais sur les deux grandes réponses à apporter à la crise de la biodiversité : protéger la nature et verdir l’économie et la finance, souligne Gilles Kleitz. Ces deux réponses sont complémentaires et devront être les deux piliers de l’accord à trouver au printemps 2022 lors de la COP15 en Chine. »
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L’Agence française de développement (AFD) y est intervenue à de nombreuses reprises, pour mettre en lumière l’importance de ce verdissement de l’économie et le rôle catalyseur que peuvent jouer les banques publiques de développement, dont l’AFD et ses partenaires de l’International Finance Development Club (IDFC) et du réseau Finance en commun.
2. Des financements encore insuffisants pour la nature
C’est l’un des grands enjeux liés à la crise de la biodiversité, et qui était au cœur des discussions au Congrès mondial de la nature : parvenir à verdir les acteurs de la finance internationale, en faisant en sorte qu’ils cessent de soutenir des projets qui nuisent aux écosystèmes mais aussi qu’ils investissent massivement pour leur préservation.
« Il faut multiplier par sept les investissements actuels pour la nature », a rappelé Rémy Rioux, directeur général de l’AFD. Alors que les besoins de financement de la biodiversité mondiale sont estimés entre 722 et 967 milliards de dollars par an d’ici 2030, seuls 124 à 143 milliards de dollars y sont effectivement consacrés chaque année.
L’AFD a souligné que les banques publiques de développement avaient un rôle essentiel à jouer dans ce contexte : celui de mobiliser les investisseurs – notamment privés – autour de projets bénéfiques à la biodiversité, mais aussi de décourager les investissements néfastes.
3. Un coup de projecteur sur les solutions fondées sur la nature
Les solutions fondées sur la nature, ces actions visant à protéger, gérer de manière durable ou restaurer des écosystèmes naturels ou modifiés afin de relever directement les défis de société et de lutter contre le changement climatique, ont bénéficié au congrès de l’UICN d’une attention internationale.
L’AFD a financé la production par l’UICN en 2020 d’un standard international permettant de mieux appréhender et mettre en œuvre les solutions fondées sur la nature, qui doivent maintenant être déployées sur le terrain par l’ensemble des acteurs.
4. Vivant et climat, même combat
Ce fut l’un des messages forts portés au Congrès mondial de la nature : la protection du climat et celle de la biodiversité sont intimement liées. De nombreux acteurs, comme la France, ont appelé à faire converger la défense de ces biens communs dans une lutte globale pour l’avenir de la planète.
Dans sa déclaration de clôture, l’UICN a rappelé que « les urgences du climat et de la biodiversité ne sont pas distinctes l’une de l’autre, mais bien plutôt deux aspects d’une même crise.
L’AFD consacrera bientôt 1 milliard d’euros par an à la biodiversité
Le groupe AFD a mis en avant ses objectifs : doubler ses financements pour la biodiversité d’ici 2025 – de 565 millions d’euros en 2020 à 1 milliard par an – et, à même échéance, atteindre 30 % de financements pour le climat bénéficiant aussi à la nature.
5. Un message d’espoir face à l’effondrement du vivant
Le Congrès mondial de la nature s’est clos vendredi 10 septembre sur la publication du « Manifeste de Marseille », une déclaration adoptée par les membres de l’UICN et porteuse d’espoir face au déclin des espèces animales et végétales.
→ Découvrir le Manifeste de Marseille
« L’humanité a atteint un point de bascule. Notre fenêtre de tir pour réagir à ces urgences interdépendantes et partager équitablement les ressources de notre planète se réduit très vite. Les systèmes existants ne fonctionnent pas. La "réussite" économique ne saurait plus se faire aux dépens de la nature. Nous avons de toute urgence besoin de réformes systémiques », a exhorté le Congrès de l’UICN.
Et de poursuivre : « Et pourtant il y a lieu d’être optimistes. Nous sommes parfaitement capables d’opérer des changements transformateurs, et vite.
Investir dans la nature, c’est investir dans notre avenir collectif. » Dans le prolongement du One Planet Summit, l’UICN a appelé à ce que 30 % de la planète, sur terre et en mer, soit protégés d’ici 2030.
6. Une étape vers la COP15 de Kunming
Ce congrès, très attendu, était le premier grand rendez-vous mondial de l’agenda international sur la biodiversité, qui doit déboucher sur un accord mondial sur la protection de la nature (le « cadre post-2020 ») au printemps 2022 lors de la COP15 de la Convention sur la diversité biologique, qui aura lieu à Kunming, en Chine.
Les manifestes et motions de l’UICN sont avant tout des invitations à l’action : le chemin à parcourir reste long. Mais ce congrès restera comme un moment très précieux de dialogue, de rencontres, de recherche de consensus. Des pistes concrètes commencent à se dégager, et la dynamique de mobilisation va se poursuivre afin que l’essai soit transformé d’ici six mois, en Chine.
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