Lutter pour le climat : les raisons d’une défiance
par Pierre Lenormand, Bruno Drweski et Guillaume Suing, pour Le Grand Soir, le 31 mai 2019
Il y a un peu plus de trente ans, sous le titre « Notre avenir à tous », le rapport Brundtland mettait en évidence l’ensemble des défis environnementaux auxquels l’humanité est aujourd’hui confrontée. En 2015, au terme de laborieuses négociations politiques, 197 pays signaient les « Accords de Paris » définissant une ‘politique mondiale commune’ réduite au seul changement climatique. Suivant ces accords « librement » consentis et « non contraignants » les pays signataires s’engageaient à réduire massivement les émissions de GES (gaz à effet de serre, principalement du CO2) devant permettre de limiter - on dit aussi atténuer - le réchauffement climatique à 2° d’ici à la fin du siècle.
Depuis 2015, alors que plusieurs pays, dont les USA, sont revenus sur leur signature, les objectifs de cette politique climatique mondiale (PCM) se sont faits de plus en plus exigeants : suivant le dernier rapport du GIEC, et pour ne pas dépasser une hausse des températures d’1°5, le monde devrait avoir atteint la « neutralité carbone » - ou encore zéro émission nette - non pas en 2050 comme prévu initialement, mais dès 2030.
Entre science et propagande, une campagne médiatique mondiale forcenée, de plus en plus pressante, est développée aux fins de gagner l’opinion à ces objectifs. Gouvernements, médias et activistes du « tout climatique » organisent pétitions, journées mondiales, grèves scolaires et opérations coup de poing « pour le climat ». Mais toute une partie de l’opinion, notamment dans les couches populaires, est partagée entre incrédulité et méfiance. C’est ce que nous nous proposons d’examiner.
Des paroles aux actes : un fossé entre les objectifs proclamés et les résultats
La combustion des énergies fossiles (charbons et hydrocarbures) accumulées dans le sol durant des millions d’années a entraîné l’augmentation de la teneur de l’atmosphère en gaz à effet de serre, notamment celle du CO2, passée de 300 parties pour million (0,03 %) en 1880 à 400 ppm (0,04 %) aujourd’hui. Les émissions ‘anthropiques’ étant désignées comme responsables du réchauffement moyen d’un peu plus d’un degré observé depuis un siècle, ces ressources fossiles sont donc la première cible de la Politique Climatique Mondiale (PCM), sous le double mot d’ordre « stopper l’exploitation charbonnière » « laisser le pétrole sous terre ».
- De tels objectifs se heurtent à un double obstacle : d’un côté la puissance intacte des multinationales du charbon, du pétrole et du gaz (notamment US) leur permet d’une part de poursuivre voire amplifier recherche et exploitation, pour engranger toujours plus de considérables profits ; de l’autre les légitimes besoins de développement des peuples et une demande mondiale croissante d’énergie. Cette double contrainte fait que, sauf dans les vieux pays industriels frappés par la désindustrialisation, les émissions mondiales de GES continuent à croître au lieu de diminuer. C’est pourquoi l’officieux quotidien électronique « le journal de l’environnement » titrait le 28 mai : « climat : pourquoi la crise va s’aggraver ... »
- Suivant les canons de l’économie néolibérale, les moyens mis en œuvre relèvent tous des mécanismes classiques du marché : théorie du signal-prix, mise en place d’un prix et d’un marché mondial du carbone, systèmes marchands de droits à polluer et de compensation. Du fait de l’interdit qui pèse sur l’idée même de planification, une place prédominante est faite à la fiscalité et aux écotaxes pesant sur la consommation, donc sur les couches populaires, les plus nombreuses.
- Parallèlement se développe un climato-business lucratif, dans lequel se lancent toutes les grandes entreprises (Total et Suez comprises), pour colorer en vert leurs activités et améliorer leur image de marque, et dégager de nouvelles sources de profit, notamment dans les énergies décarbonées intermittentes. Sources de prédations et de pollutions nouvelles mais profitant d’aides ‘publiques’ pesant sur le consommateur, parcs éoliens et fermes photovoltaïques procurent des rentes et des profits privés considérables. Trouvant des arguments dans la faible émission de GES, l’industrie électronucléaire joue la carte du ‘sauvetage du climat’ mais continue à faire face à une hostilité de principe largement répandue.
Tout ceci laisse donc présager, y compris pour les plus ardents défenseurs des Accords de Paris, l’échec prévisible de cette PCM. Face à ce qui apparaît comme une mission impossible, on assiste depuis peu, et notamment à la faveur des élections européennes, à une offensive idéologique multiforme : faire de l’urgence climatique la base d’une nouvelle union sacrée, appeler à l’idéologie anti-populaire de la décroissance, ou encore décréter la ‘révolution climatique’ au nom de la lutte contre le capitalisme, en utilisant simplement un autre langage que ceux qui s’en accommodent. Mais désormais sont avancées (enfin ?) des propositions d’investissements considérables, susceptibles de développer les activités d’entreprises de toute taille : pour un euro et sans condition de revenu, on nous promet désormais l’isolation de notre logement et/ou l’installation d’une pompe à chaleur. Soudain, des sommes considérables seraient tout à coup disponibles : Macron avance 1 000 milliards d’euros par an jusqu’en 2050 par le biais de la Banque Européenne Pour le Climat. Vraie victoire ‘pour le climat’ ou poudre aux yeux ? A l’heure des politiques d’austérité tous azimuts et de l’impératif de réduction des dépenses publiques, qui croire ?
On peut alors penser que le changement climatique sert plus souvent de cache-sexe consensuel à des politiques anti-populaires avançant masquées qu’à une prise en compte scientifique des changements - lents ou soudains - auxquels, aujourd’hui comme par le passé, les êtres humains ont dû et devront s’adapter.
Une campagne médiatico-politique mondiale aux aspects délétères
Notre environnement social, culturel, politique, économique et donc aussi naturel se dégrade, c’est une évidence qui a des causes humaines, et pour le climat sans doute aussi naturelles. Quelle est la part réelle des activités humaines dans les évolutions climatiques actuelles ? La question scientifique n’est plus posée, et fait place à l’affirmation de vérités médiatiques, qui nous promettent la catastrophe climatique et la disparition des espèces dans les quinze années à venir... Historiquement, ce type de situation a toujours provoqué des peurs qui se sont révélées la plupart du temps exagérées et surtout manipulées. Pourquoi en serait il autrement aujourd’hui ? En désignant les coupables sous une forme englobante, (‘l’homme’, ‘les activités humaines’) et aussi certains Etats (ceux qui sont mal vus par les dominants en général), cette campagne a une dimension profondément idéologique : elle ne nous montre jamais ni a fortiori ne menace les principaux responsables de la crise générale contemporaine : principaux ‘décideurs’, gouvernements, grosses entreprises, élites possédantes du système social et économique dominant.
Nous nous retrouvons dans une situation déjà connue à l’aube du capitalisme avec, entre autres, les écrits de Malthus et les lamentations sur le caractère intrinsèquement vil de l’homme. Les grands prêtres du culte de la frugalité dans un monde de pénuries s’en donnent à coeur joie en fabriquant peurs et coupables. C’est en particulier le cas des promoteurs de la décroissance qui, du ‘Halte à la croissance’ du club de Rome en 1972 aux injonctions actuelles de la PCM poussent à la culpabilisation individuelle, et dénient à certains pays le droit de passer par des étapes de développement comme les pays occidentaux dé-industrialisés et ‘délocaliseurs’ en ont traversé. Tout cela pour faire oublier le rôle central du Capital dans les choix économiques et donc dans les problèmes environnementaux les plus massifs.
Cette campagne mondialisée sur l’urgence climatique poursuit également des objectifs politiques. Pour nombre de nos camarades, il s’agit avant tout d’une diversion, destinée à détourner notre regard des autres aspects de la crise que nous traversons. Il nous revient de dénoncer également ceux qui défendent l’idée que la lutte contre le réchauffement climatique devra imposer des mesures autoritaires, antidémocratiques, pouvant conduire à de nouvelles forme de tyrannie.
Doit-on dans ces conditions s’étonner si, à côté des élites et des médias dominants, les syndicats les plus soumis à l’ordre dominant, comme la CFDT, ou les partis devenus sociaux-libéraux, comme le PS, délaissant les luttes sociales pour s’engager dans la voie de « l’accompagnement », sont aussi ceux qui semblent se soucier le plus et de la manière la plus inquiétante des questions environnementales ? N’est-ce pas révélateur ? L’objectif de ce souci et de cette culpabilisation a-t-il dès lors tant à voir avec la recherche de solutions environnementales innovantes, créatives, progressistes, ou plutôt avec le désir de faire accepter à des travailleurs effrayés et précarisés des reculs sociaux sans cesse renouvelés ? Et les souvent mal nommées « Organisations ‘Non’ Gouvernementales » de la « société civile » semblent elles aussi relayer des informations biaisées en fonction des intérêts de ceux qui financent leurs permanents.
A contrario, ce sont bien les pays rescapés du camp socialiste du Sud, quels que soient leurs reculs, qui s’illustrent aujourd’hui à la fois, et de façon tout à fait logique, dans la lutte contre l’impérialisme et sa coûteuse « mondialisation » et comme avant-garde de la protection de l’environnement, sans jamais faire appel à une telle « décroissance ». Cuba socialiste, champion de l’agroécologie, est selon la FAO le seul pays au monde ayant atteint le stade du « développement durable », précisément pour assurer sa souveraineté nationale et son autosuffisance alimentaire. Même le Vietnam vient d’interdire le glyphosate sur son territoire, malgré les menaces de sanction économique de l’OMC. De son coté la Chine, pourtant « usine du monde », est leader dans toutes les productions d’énergies renouvelables (solaire, hydroélectrique, éolienne, etc.). Qui, parmi nos « écolos » européistes, lèvera ne serait-ce qu’un coin de ce voile de désinformation occidentalo-centrée ? Cet extraordinaire silence n’est-il pas l’aveu que l’idéologie décroissante réactionnaire compte bien plus ici que l’écologie réelle pratiquée au Sud contre l’agrobusiness et les ingérences occidentales ?
Cette campagne planétaire véhicule enfin une conception géopolitique du monde conforme aux intérêts de la Triade (USA, Union européenne, Japon). On a vu que sur le plan intérieur, l’écologie peut-être utilisée comme un moyen de pression à la baisse contre les travailleurs et les précaires. Au niveau international, la mondialisation capitaliste a pour résultat de contrer provisoirement la baisse tendancielle des taux de profit par une politique de soumission des peuples et donc aussi des Etats les plus faibles. D’où la remise en cause, au prétexte de la défense du climat ou de l’environnement, des politiques visant à assurer le droit des peuples au développement et à l’exploitation des ressources naturelles en leur faveur : ce qui peut aller, lorsque la courbe des prix ou leurs intérêts le nécessitent, à en interdire l’exploitation. Notons aussi les effets néfastes qu’à la différence de l’agriculture vivrière les monocultures d’exportation exercent sur les sols. Tout ceci a finalement pour effet d’exacerber les tensions et de multiplier les risques environnementaux tout en culpabilisant là aussi les populations, toujours sous injonctions des pays de la ‘Triade’. Là encore, « O.N.G. », société civile, fondations, experts étrangers au service d’entreprises transnationales ou d’organismes internationaux soumis à leurs pressions, travaillent avec leur langage « soft » et « progressiste » à la culpabilisation de masse tout en ne disant rien contre les profiteurs du système qui sont aussi les principaux pollueurs. Dans tout cela, il n’y a que peu de place pour une analyse scientifique, rationnelle, équilibrée et porteuse de solutions à long terme non pas sur ‘l’avenir de la planète’ mais plus simplement sur les progrès des êtres humains dans leur environnement naturel et dans une dynamique équilibrée de développement planifié sur le long terme.
Rendre aux travailleurs et aux peuples la maîtrise de leur avenir sur une terre vivante et vivable
La science nous donne une certitude et une hypothèse à forte probabilité. La certitude, c’est que le climat varie par nature, selon des cycles et des ruptures d’équilibre extrêmement complexes : aujourd’hui le climat se réchauffe incontestablement. L’hypothèse à forte probabilité, c’est que ce réchauffement, à causes multiples comme tout phénomène naturel, soit au moins pour une part la conséquence des activités humaines récentes. Tout est question de « curseur » entre influence solaire et influence anthropique dans des débats entre savants qui se poursuivent, mais que les élites occidentales considèrent comme clos : elles y substituent des certitudes « politisées », et « vulgarisées » à l’intention des ‘décideurs’ et du grand public.
Toute crise dans l’histoire a toujours engendré des idéologies millénaristes, et sa forme environnementale actuelle ne déroge pas à la règle. D’autant plus que nous sommes en période de crise mondiale profonde, politique, économique, sociale, ‘civilisationnelle’, en particulier dans les pays ‘post-industriels’, et que dans ces époques les pouvoirs à bout d’imagination et de souffle ont toujours tendance à manipuler les peurs et le catastrophisme pour freiner toute mobilisation, toute revendication, tout espoir et toute recherche d’alternatives.
En revanche, c’est sans doute la certitude de l’instabilité climatique, avec ou sans l’homme donc, qu’il faut traiter avec le plus grand sérieux politique : Consciemment ou non, notre ambition d’hommes depuis notre apparition sur cette planète, est de nous acclimater pour satisfaire des besoins en complexification constante. La question est aujourd’hui mal posée.
1) Si le climat nous menace (car la biosphère, elle, sans l’homme, a survécu et s’est toujours re-diversifiée après chaque grande crise globale), alors il faut nous engager pleinement dans une offensive scientifique pour l’acclimatation humaine, voire pour une certaine stabilisation climatique. Le climat est le dernier front de notre environnement qui n’a pas été d’une façon ou d’une autre « stabilisé », « domestiqué » par l’homme... et le moment est sans doute arrivé. Qu’il s’agisse de nous protéger des réchauffements annoncés - comme de possibles refroidissements à venir - ou de nous adapter, il nous faudra en limiter les effets négatifs autant qu’en tirer les éléments positifs.
2) Il ne s’agit donc pas de traiter le problème par un « repli » malthusiano-spiritualiste sur une nature idéalisée, en prenant le progrès humain pour la cause de notre perte future. C’est au contraire le fait que la science (dans le développement des énergies renouvelables, dans celui, extrêmement complexe, de l’agrobiologie « non chimique ») soit bridée par le Capital qui obstrue toute perspective pour l’Humanité.
Parallèlement aux efforts à faire sur le plan scientifique, il faudra donc battre en brèche la propagande mortifère d’une écologie millénariste, « collapsologique », qui insuffle pessimisme, stérilisation de la lutte dans l’esprit des plus révoltés par les méfaits du Capital, en les détournant vers les peurs ancestrales aujourd’hui réactivées par les mouvements identitaires prônant le rejet de l’étranger. On sait qu’à l’exact opposé des thèses malthusiennes, c’est la satisfaction des besoins fondamentaux et légitimes des peuples du Sud qui, comme le savent tous les démographes, permettra de maîtriser leur croissance démographique. A ce sujet une relecture critique des travaux des Malthus et de sa place dans le spectre socio-politique de l’époque, de même qu’un réexamen des origines nazies de certaines formes d’écologisme seraient utiles.
Une meilleure maîtrise de notre environnement passe précisément par la préservation de la biosphère dans laquelle nous ne pouvons que nous inscrire. Mais il nous faut d’abord démasquer les trucages de l’écologisme moderne : Non, l’homme en tant que tel n’est pas condamné par un ‘jugement’ naturaliste d’ordre quasi-divin visant à nous culpabiliser et à nous pousser à faire des ‘sacrifices’ aux nouvelles divinités des temps ‘post-modernes’. Le capitalisme, tant qu’il subsistera, sera capable par des contre-tendances, y compris sur le plan scientifique, de faire survivre une partie de l’Humanité, autour de quelques privilégiés toujours à l’abri - jusque dans leurs bunkers - quitte à sacrifier au passage des milliards d’hommes dans cette lutte pour l’adaptation aux changements environnementaux. Cette vision qui se veut écologique correspond en fait aux intérêts de ceux qui affirment, dans le cadre des règles économiques dominantes, qu’il y a désormais trop d’êtres humains et donc que la disparition d’une partie d’entre eux pourrait être inéluctable, voire souhaitable. Ce qui rejoint d’ailleurs les ‘débats’ sur la Sécurité sociale et les ‘coûts’ des choix politiques visant à prolonger la vie et à retarder la mortalité. C’est cela que nous ne voulons pas, et c’est pourquoi nous devons nous battre contre le Capital. Ce dernier a par contre tout à gagner en faisant de la question climatique une forme de culpabilisation anxiogène généralisée, qui dans la foulée le disculpe, en fournissant un puissant antidote aux luttes de classe qui le gênent. Sur les deux grands fronts, climat d’une part et biodiversité d’autre part, l’écologisme de l’inquiétude, soluble dans le capitalisme mondialisé, continuera à marteler la double menace d’une apocalypse climatique et d’une sixième extinction annoncées tout en occultant les incontestables méfaits des prédations et des gaspillages des ressources par l’impérialisme.
Pour une écologie de progrès, émancipatrice, capable de répondre aux besoins fondamentaux de l’humanité
C’est en renforçant sa souveraineté nationale qu’à Cuba l’agro-écologie, avec ses cultures « organoponiques », a pu remporter des succès et assurer sa souveraineté alimentaire de base. Signalons de la même façon que des puissances du « Sud », l’Inde et surtout la Chine, ont ensemble reforesté une superficie équivalente à l’Amazonie ces 17 dernières années, ce dont peu de médias parlent, et ce qui est hautement révélateur des intérêts de ceux qui veulent que nous paniquions sans remarquer les pays qui mènent une politique innovante. Tous les pays qui, au Sud, tentent de gagner en autosuffisance alimentaire contre l’agrobusiness, de Cuba socialiste au Vietnam - qui vient d’interdire le glyphosate sur son territoire - pratiquent une écologie véritable presque « malgré eux », en dominant les contraintes du manque d’eau et des caprices du climat, pendant que les lamentations occidentales assourdissent nos médias « officiels » et officieux. Pas de moralisme dans de telles politique mais bien une nécessité vitale, et c’est plutôt rassurant pour les matérialistes que nous sommes.
Les agronomes sérieux savent que re-forester à grande échelle (et ceci inclut l’agroforesterie) représente une alternative durable au modèle agricole euro-américain, tout en réduisant collatéralement l’effet de serre par stockage massif du dioxyde de carbone atmosphérique. Des solutions sont ainsi déjà proposées pour dompter les impétuosités climatiques : il suffit de détourner le regard du nombril occidental...
Dans les agricultures soumises au mode de production capitaliste, la recherche par tous les moyens de la productivité maximum de la terre et du travail compromet la capacité des terres arables à nourrir l’humanité. Une véritable agroécologie à grande échelle a au contraire fait la preuve qu’en sortant de l’agrobusiness, les sols de la planète peuvent nourrir de façon suffisante, durable et saine 15 milliards d’êtres humains.
Telle pourrait être une véritable urgence à opposer à l’impérialisme ultralibéral, qui aujourd’hui tente d’imposer au Sud le ‘non-développement’ au nom d’une inique et hypocrite « austérité heureuse » que du reste il ne s’appliquera jamais à lui-même. Cette forme ultime du capitalisme n’a plus rien à offrir à notre monde, que « l’anarchie de la production » détruit opiniâtrement.
Il apparaît de plus en plus clairement que la seule politique allant dans le sens d’une adaptation humaine aux exigences de la biodiversité, et d’un progrès humain juste et égalitaire, passe par des Etats pleinement souverains, imposant aux grands groupes industriels, financiers et commerciaux une gestion à la fois démocratique, scientifique et planifiée : modèle en tous points contraire aux abstraits engagements « internationaux » des pays du Nord qui n’ont jamais rien enrayé, et accompagnent au contraire la fuite en avant d’une bourgeoisie broyant l’homme comme la nature. Il n’y a pas quatre chemins : le seul qui vaille à tout homme de raison, et les pays rescapés du camp socialiste nous le montrent déjà assez clairement, c’est bien sûr le socialisme. C’est-à-dire, à terme, la socialisation des moyens de production et d’échange et la planification scientifique et démocratique des besoins et des possibles dans une vision à long terme.
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