Et si la Chine s’appropriait le marché de l’hydrogène vert ?

par Yohan Demeure pour Sciencepost, le 3 février 2023

Connue pour être un pays très polluant, la Chine fait en parallèle de nombreux efforts en matière d’énergie verte. Aujourd’hui, ce pays désire être à la pointe d’une autre ressource en lien étroit avec la transition énergétique : l’hydrogène vert.

 

 

 

Produire de l’hydrogène vert

Il y a une vingtaine d’années, la Chine devenait le leader mondial dans le domaine du photovoltaïque. Il faut dire que les sociétés chinoises avaient cassé les prix des panneaux solaires, mettant en difficulté certains acteurs européens et étasuniens du secteur. Aujourd’hui, l’histoire semble se répéter avec l’hydrogène vert, selon un article de Bloomberg publié le 10 janvier 2023. Par définition, l’hydrogène vert s’obtient en utilisant de l’électricité issue de sources renouvelables. Comme l’explique Engie dans une publication, cet hydrogène est non seulement produite principalement par électrolyse de l’eau à partir d’électricité renouvelable, mais constitue également l’un des leviers d’avenir permettant d’accélérer la transition vers la neutralité carbone.

Concrètement, il s’agit de puiser l’hydrogène dans l’eau en alimentant un électrolyseur avec de l’électricité provenant du solaire, de l’éolien ou de l’hydraulique. Le courant électrique donne la possibilité de décomposer les molécules d’eau, celles-ci étant constituées de deux atomes d’hydrogène et d’un atome d’oxygène (H2O). Le procédé permet d’obtenir des molécules de dioxygène (O2) et du dihydrogène (H2).

 

 

Un rapport de force déjà déséquilibré

Aujourd’hui, la Chine fabrique déjà 40 % des électrolyseurs à l’échelle mondiale. Or, la production devrait faire l’objet d’une multiplication par 91 d’ici 2030 afin de répondre à la demande générale. Par ailleurs, évoquons le fait que si les appareils fabriqués en Chine sont moins performants que ceux provenant d’Europe et des États-Unis, ceux-ci sont beaucoup moins onéreux. Les coûts de production sont effectivement quatre fois moins importants en Chine, alors que le secteur reçoit assez peu de subventions.

En réaction, les États-Unis ont voté l’Inflation Reduction Act il y a quelques mois, dans le but de soutenir les acteurs locaux de l’hydrogène vert. En Europe, l’UE peine encore à définir les critères relatifs à cette ressource, si bien que les entreprises concernées sont assez inquiètes. Le « danger » serait d’entrer dans une sorte de dépendance de la transition énergétique envers la Chine.

Rappelons enfin que l’actuelle production de l’hydrogène est loin d’être totalement verte. Aujourd’hui, produire cette ressource affiche très souvent des bilans « gris » ou « bleu », autrement dit polluant l’environnement. Le bleu concerne néanmoins les méthodes de fabrication faisant l’objet d’une installation de capture de carbone en bout de chaîne. Évoquons aussi le stockage de l’hydrogène, assez complexe en raison de la corrosivité du matériau. Or, il va sans dire que toute fuite d’hydrogène peut contribuer à aggraver l’actuel dérèglement climatique.

 

 

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