Le plateau de Loes, le plus grand projet de régénération environnementale au monde
par Marseille News, le 28 mars 2021
Le plateau de Loes est une grande étendue entourée par le fleuve Jaune . C’est aussi le cœur culturel et historique de la Chine. Mais là où il y avait de grandes récoltes et de la richesse il y a des siècles, l’utilisation excessive de la terre a causé la destruction de cet écosystème jusqu’à ce qu’il devienne pratiquement un désert. Le risque d’inondation est devenu un danger constant. L’érosion du sol a limité la croissance des cultures. Le plateau de Loes est devenu l’une des régions les plus pauvres de Chine. Mais la réalité change.
On sait que les humains modifient profondément les écosystèmes. Ce qui ne semble pas encore clair pour tout le monde c'est que ceux qui vivent à proximité d’environnements dégradés voient leur mode de vie menacé. Les poissons ne sont plus aussi abondants qu'avant. Les récoltes se raréfient. Les animaux n’ont plus de quoi se nourrir. Et lorsque l’environnement s’effondre, les humains sont laissés sans protection.
Cependant, il existe des réussites écologiques, l’être humain a pu redonner vie à certains environnements. Des travaux basés sur la science ont réussi à transformer des écosystèmes brisés pour que chacune de leurs parties en profitent. Peut-être que la plus grande histoire d’un tel succès est le plateau de Loes.
Le documentaire Regreening the desert, tourné par le chercheur et éducateur John D. Liu, a montré ce qui est à ce jour le plus grand projet de régénération de l’environnement au monde.
Dans les années 90, le gouvernement chinois a voulu remédier à la situation désastreuse dans de nombreuses zones rurales du pays. Ils ont lancé une série de programmes visant à remplacer de grandes surfaces de terres agricoles par des forêts et des buissons, en engageant les habitants eux-mêmes dans ces travaux.
Au total, il était prévu de couvrir 76 millions d’hectares de végétation dans toute la Chine. L’objectif principal était d’assurer la sécurité alimentaire et d’éviter les inondations.
Le plateau de Loes a été le cadre principal de ces projets:
– des terrasses ont été construites sur les pentes pour que l’eau filtre mieux et éviter les glissements de terrain;
– des espèces adaptées au climat local ont été plantées;
– un contrôle sur le pâturage des chèvres a été lancé pendant les premières années, car elles mangeaient le peu de végétation qui pouvait pousser naturellement;
– des petits barrages ont été construits pour éviter les inondations et stocker l’eau.
De cette façon, ils prévoyaient d'augmenter les terres couvertes d’arbres, d’arbustes et d’herbes, et d'empêcher l’eau d’arracher la couche superficielle des sols.
Il y eut de nombreuses critiques de ce système. Les habitants locaux voyaient leur mode de vie en danger. Ils hésitaient à abandonner leurs cultures, juste pour planter des arbres qui ne donnaient pas de bénéfices directs.
Mais les résultats sont incroyables. En un peu plus de 10 ans, une superficie totale de la taille des Pays-Bas a été restaurée.
La végétation a augmenté à un taux pouvant atteindre 12,5% par an, l’érosion des sols a ralenti et davantage de carbone de l’atmosphère est séquestré. Le plus surprenant: malgré la réduction de la superficie totale consacrée aux cultures, la production alimentaire et la richesse des habitants a augmenté.
Selon les données de la Banque mondiale, jusqu’à 2,5 millions de personnes sont sorties de la pauvreté au cours de la seule première décennie du troisième millénaire. Le taux d’emploi est passé de 70 à 87%. La sécurité alimentaire a été réalisée dans une zone fréquemment frappée par les sécheresses. Et ces bénéfices ont été obtenus durant la période de reviltalisation de l’écosystème!
Mais il n'y eut pas que des avantages à ce programme:
– certaines données proposées par les agences officielles ne sont pas réalistes, comme par exemple que les arbres plantés avaient une survie comprise entre 90 et 100% ;
– les moyens de mettre ce programme en pratique n’étaient pas toujours des plus adéquats, et de nombreuses personnes ont été obligées de modifier l’utilisation de leurs terres ;
– d’autres détracteurs soulignent également que la diversité de la couverture végétale a diminué.
Il n'empêche que le bénéfice net est très positif pour les écosystèmes du plateau de Loess, mais aussi pour les communautés locales.
Le grand succès du plateau de Loes a permis au modèle de se répandre dans toute la Chine. Il a même atteint d’autres pays comme la Jordanie ou l’Éthiopie où les déserts progressent sans arrêt et où la production alimentaire est mise en danger.
De plus, de nombreuses recherches scientifiques ont bénéficié des résultats des scientifiques chinois. Grâce à eux, il a été possible d’étudier, par exemple, les meilleures espèces pour restaurer certains milieux.
Les écosystèmes nous fournissent des services dont beaucoup sont vitaux pour la santé humaine. Dans des sols bien entretenus, plus de nourriture est produite. Les cultures entourées d’un écosystème sain ont une production plus élevée car il y a plus de pollinisation. La végétation est également cruciale pour maintenir de bons niveaux d’eau, elle contribue également à la purifier. Les forêts protègent contre les inondations et les vents violents, en plus d’abriter une grande diversité d’espèces.
Ce ne sont là que quelques-uns des avantages que des écosystèmes bien entretenus apportent à nos vies. Bien que beaucoup pensent qu’il y a un choix à faire entre la faune sauvage et les cultures, le dilemme ne devrait pas exister.
En appliquant des solutions fondées sur la science, il est possible de faire revivre un écosystème brisé, un champ désertique.
Si vous souhaitez plus d’informations, vous pouvez consulter le rapport China’s Grain for Green Program, une étude du plus grand programme de restauration écologique et de développement rural au monde.
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