Ukraine, Palestine, Taiwan : le chemin vers la guerre mondiale. Les BRICS : l'aternative pacifiste mondiale
par Dimitris Konstantakopoulos pour Defend Democracy Press, le 28 octobre 2023
Si la Russie avait réalisé à temps la profondeur et la nature systémique de l'agression et de l'intransigeance du système capitaliste-impérialiste occidental, elle aurait agi de manière plus décisive en empêchant ou en aidant à réprimer le coup d'État organisé par les Américains à Kiev en 2014. Et si elle avait choisi d'intervenir militairement, elle l'aurait fait avant que l'Ukraine (sous la présidence Trump en particulier) ne soit armée jusqu'aux dents. Nous n'aurions probablement pas eu la tragédie actuelle en Ukraine, ni couru les énormes risques nucléaires que nous courons aujourd'hui.
Nous sommes dans une situation similaire aujourd'hui. Si l'humanité démocratique exerce toute son influence, en coupant toutes les relations diplomatiques et économiques avec Israël et en faisant pression par divers moyens sur les pays qui le soutiennent, alors elle peut arrêter le nettoyage ethnique du peuple palestinien et la poursuite du projet totalitaire occidental (et israélien) qui nous conduit à terme à la guerre mondiale. Sinon, elle risque d'être contrainte de mener la bataille dans des circonstances bien pires, sur des fronts bien plus vastes et à des coûts et des risques bien plus élevés.
Ce qui peut encore être évité aujourd'hui ne le sera peut-être plus demain. Et s'il est encore possible de l'éviter demain, ce sera à un coût énorme.Ce n'est pas la première fois que cela se produit. Si les communistes allemands avaient mis toute leur énergie à arrêter Hitler et à prendre le pouvoir, avec ou sans les sociaux-démocrates, avant 1933, les communistes soviétiques n'auraient pas affronté Hitler dans les faubourgs de Moscou et à Stalingrad.
Il en aurait probablement été de même si les "démocraties occidentales" et les communistes espagnols avaient agi de manière décisive contre les fascistes de Franco en Espagne pendant la guerre civile (1936-39) qui a été le prologue et le test général de la Seconde Guerre mondiale.Il en va de même pour la Palestine. Si l'agression extrémiste du gouvernement israélien actuel, soutenu sans réserve par les États-Unis et les membres européens de l'OTAN et de l'UE, n'est pas stoppée maintenant, si on lui permet de mener à bien son plan de nettoyage ethnique de l'ensemble de la population palestinienne, ou même de provoquer demain une guerre avec l'Iran, comme il le cherche depuis de nombreuses décennies, il sera alors beaucoup plus difficile d'empêcher une catastrophe bien plus grande demain. Tout le Moyen-Orient sera en flammes et au-delà, et la survie même des États de la région pourrait être menacée.
Une "Internationale noire" en actionLa similitude entre la Palestine et l'Ukraine ou l'Europe d'avant-guerre n'est pas symptomatique. Elle est organique, "systémique". Le président Biden lui-même l'a reconnu en liant la "solidarité" avec l'Ukraine à celle avec Israël.
Dans les deux cas, les enjeux ne concernent pas tant ou seulement des causes "locales", mais la domination de l'Occident collectif, dirigé par les États-Unis et Israël, en Eurasie, au Moyen-Orient et dans le monde entier.Dans tous ces cas, nous avons l'action d'un "Parti du totalitarisme et de la guerre" occidental, au cœur du système capitaliste-impérialiste occidental, qui généralise de plus en plus la guerre (contre la Russie, les Palestiniens, l'Iran, la Chine...) comme principal moyen d'imposition et de domination, à la fois régional et mondial.
L'actuel Premier ministre d'Israël, M. Netanyahou, n'est pas seulement un homme politique d'un pays de taille moyenne, mais l'un des représentants les plus éminents et les plus décisifs de ce parti mondial. Il a été le financier et l'instigateur de l'élaboration des plans néoconservateurs qui ont abouti à une douzaine de guerres destructrices au Moyen-Orient et en Afrique (https://en.wikipedia.org/wiki/A_Clean_Break:_A_New_Strategy_for_Securing_the_Realm). Donald Trump s'est entretenu avec lui avant de prononcer son discours de 2017 aux Nations unies dans lequel il a explicitement menacé la Corée du Nord, un pays de 25 millions d'habitants, d'extinction et utilisé, légitimant ainsi, pour la première fois depuis 1945, des menaces nucléaires directes. C'est plutôt M. Netanyahou qui impose sa politique moyen-orientale aux États-Unis (et à tous les États européens et à l'UE) que l'inverse.
Quant aux méthodes et aux aspirations de ce courant au Moyen-Orient, elles s'inspirent des idées de la géopolitique de Haushofer, celles qui ont inspiré les nationaux-socialistes allemands, de la stratégie de Yinon (https://www.voltairenet.org/IMG/pdf/A_strategy_for_Israel_in_the_Nineteen_Eighties.pdf) et des idées de Huntington.
Ils n'ont rien à envier aux méthodes du nazisme. Pour cette aile, la devise est "la guerre est le père de tout", même s'il est tout à fait douteux qu'ils comprennent le monde comme Héraclite le comprenait (qui était, après tout, un produit de la profonde révolution démocratique des anciens Grecs dans les cités ioniennes et non des prêtrises orientales).
L'alliance de M. Netanyahu avec le fondamentalisme juif et ses attaques contre le Secrétaire Général des Nations Unies, trahissent également la nature totalitaire de ce courant. Une grande partie du peuple juif lui-même comprend mieux que nous tous ce caractère totalitaire et ce qu'il est capable d'accomplir, c'est pourquoi nous assistons à une immense révolte contre le gouvernement de Netanyahou en Israël par une grande partie des citoyens israéliens et même des cadres de l'armée et des services secrets de ce pays.
La guerre comme réponse du capitalisme occidental à sa criseLa tendance du capitalisme occidental actuel à recourir universellement à la guerre s'explique par sa propre crise, une crise de domination économique et mondiale, qui se manifeste non seulement dans la sphère géopolitique, mais aussi dans la sphère économique et sociale, comme cela s'est produit avec la destruction de couches sociales et de pays entiers, même des pays qui appartiennent à l'OTAN et à l'UE, comme la Grèce qui a été détruite par les "programmes de sauvetage" coloniaux qui lui ont été imposés par l'Allemagne, l'UE et le FMI, ainsi que par la guerre qu'elle a déclarée contre le climat et l'environnement naturel qui permettent l'existence même de l'humanité et des formes supérieures de vie sur la planète.
Si ce parti mondial n'est pas vaincu aujourd'hui, si on le laisse réussir sa tentative de nettoyage ethnique des Palestiniens, nous le verrons intervenir demain dans tout le Moyen-Orient, à Taïwan et en Corée. Les problèmes deviendront de plus en plus difficiles à traiter et le risque d'embrasement nucléaire augmentera inévitablement, par erreur, par mauvais calcul ou par enfermement des parties adverses dans des situations qui rendent la retraite impensable. Même si nous évitons un holocauste nucléaire, l'humanité sera perdue par les risques écologiques et autres risques technogènes auxquels elle est confrontée et qui sont impossibles à gérer dans une atmosphère de guerre froide, et encore moins de guerre chaude.Que faire ?Et vous allez me dire maintenant ce qu'il faut faire ? Faut-il une intervention militaire en Palestine, au nom des Palestiniens, comme celle au nom d'Israël à laquelle pensent déjà Emmanuel Macron, le banquier de Rothschild au pouvoir en France et les ministres de Biden agissant en tant qu'employés de Netanyahou ?
Bien sûr que non. C'est précisément pour écarter la possibilité de conflits militaires plus vastes, conventionnels ou même nucléaires, que les États arabes et musulmans, les BRICS et les partisans d'un "monde multipolaire" doivent agir de manière décisive en utilisant la somme totale des très nombreux instruments non militaires, diplomatiques, politiques et économiques dont ils disposent et qu'ils n'ont pas encore utilisés pour contraindre Israël à mettre fin au nettoyage ethnique aujourd'hui, maintenant, et à entamer des négociations avec les Palestiniens, seule solution à l'impasse dangereuse actuelle dans l'intérêt des Palestiniens et de tous les peuples arabes, des Juifs eux-mêmes et de la paix et de la sécurité dans le monde.Les États qui agiront de la sorte en tireront un énorme bénéfice politique, devenant les protagonistes de la sortie du Moyen-Orient de la crise actuelle, dangereuse pour l'ensemble de l'humanité. Le projet des BRICS fera de grandes avancées politiques, en devenant l'alternative pacifique mondiale aux guerres déclenchées ou provoquées par l'"Occident collectif".
Il est regrettable que la majorité des partis et organisations occidentaux qui se réfèrent à la gauche trahissent leur propre base et idéologie, en se rangeant, comme dans le cas ukrainien, du côté de l'impérialisme.
Et ils le font parce que la majorité d'entre eux sont contrôlés, de plus en plus directement, par le capital financier mondial et les lobbies sionistes qui y sont imbriqués, avec pour résultat qu'ils sont incapables d'exprimer une partie significative de l'opinion publique européenne et américaine, qui, malgré le barrage pro-israélien de ses médias et de ses politiciens, se révolte maintenant contre le crime à Gaza, un crime qui éclaire horriblement l'avenir que le "Parti de la guerre totalitaire" prépare pour toute l'humanité si nous ne l'arrêtons pas ici et maintenant.Le parti de gauche Podemos (au pouvoir) en Espagne est une exception courageuse et très importante, qui demande que des sanctions soient imposées à Israël et que les dirigeants de ce pays soient traduits devant le Tribunal international des crimes de guerre (https://twitter.com/ionebelarra/status/1717190578495017300).
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