Un nouveau poumon pour la région de Jing-Jin-Ji ?
par Elisabeth Martens, le 4 juin 2020
En 2070, le projet de la "Grande muraille verte", le plus grand projet de reforestation au monde, devrait être abouti. La "muraille verte" devrait s'étendre sur quelque 4 480 kilomètres de long. Ses objectifs ne sont pas des moindres : lutter contre la pollution de grandes villes comme Pékin et Tianjin, freiner l’expansion du désert de Gobi et des régions aux alentours, développer une économie plus durable, atténuer les dégâts provoqués par les changements climatiques.
Ce projet s’inscrit dans la volonté de "construire une civilisation écologique", tel que l'a exprimé Xi Jinping lors du dernier congrès du Parti communiste chinois, le 18 octobre 2017. Le président a alors fait part de sa volonté de "construire une civilisation écologique, ce qui est vital pour le développement de la nation chinoise."
Il a commenté ainsi ce projet d’envergure : "Nous allons adopter une approche globale pour conserver nos montagnes, rivières, forêts, lacs et mettre en place les systèmes les plus ambitieux pour protéger l'environnement et développer un modèle de croissance et des modes de vie écologiques." En effet, les programmes nationaux de protection de l'environnement ont l'ambition de s'intégrer à une démarche de développement durable globale.
Dans le cas de la « Grande muraille verte », le projet nécessite une implication forte de la part du gouvernement tant pour le contrôle d'une déforestation sauvage, que pour la lutte contre le trafic d'essences précieuses, la régulation de l'agriculture intensive et la protection de la biodiversité.
Une sensibilisation des populations aux conséquences graves de la déforestation est également un objectif du gouvernement. C'est dans ce but que ce dernier a réquisitionné une partie de l'Armée populaire de Libération. En 2018, 60 000 soldats ont été déplacés des frontières nord du pays vers la partie centrale de la Chine. Leur fusil a été troqué contre une pelle et ils ont été réaffectés à la plantation d'arbres.
Zhang Jianlong, chef de l'Administration forestière d’État, a déclaré que la Chine viserait à cultiver au moins 6,66 millions d'hectares de nouvelles forêts cette année-là, l'équivalent de la superficie du Sri Lanka. La reforestation fut ciblée sur la province du Hebei pour porter sa couverture forestière à 35 %. Cela doit jouer un rôle de purificateur d'air en absorbant l'excès de CO2, en captant les poussières, les fumées et le smog qui recouvrent non seulement Beijing, mais aussi de grandes parties du nord de la Chine surtout en saisons froides.
La mégapole « Jing-Jin-Ji » – « Jing » pour « Beijing », « Jin » pour « Tianjin » et « Ji » pour la province du Hebei qui entoure les deux villes – qui compte plus de 100 millions d'habitants a-t-elle trouvé un nouveau poumon ?