Sans eau propre et abondante, la Chine est condamnée
extrait de « Chine, la révolution verte », documentaire de 2015 -
actualisé par Élisabeth Martens , le 27 juillet 2020
De tous les défis écologiques que la Chine affronte le plus grand sera de garder suffisamment d'eau potable, c'est une question de survie. Sans eau propre et abondante, la Chine est condamnée. Un homme prétend avoir la réponse à cette terrible menace. Il veut partager sa méthode qu'il appelle "grands pieds " avec le reste du monde.
la rvière Li aux abords de Guilin
Aujourd'hui, la Chine riposte aux dégâts écologiques avec des technologies de pointe: des turbines stockent de l'électricité à l'aide du vent, des algues transforment le charbon noir en or vert et des raisins retiennent le désert. Mais un danger imminent terrifie les experts les plus optimistes. La Chine est à court d'eau, car la majorité des fleuves et des points d'eau est trop polluée pour être utilisée. Le plus grand défi que la Chine doit relever est l'eau, la pénurie d'eau et le vrai problème de la qualité de l'eau à cause de la pollution.
"Ils ont d'énormes problèmes de pollution dans les rivières et dans les lacs avec de l’empoisonnement au mercure et tout le reste, toutes sortes de problèmes", déclare Julio Friedman, scientifique américain.
Pour la Chine, c'est l'ultime combat. Le pays abrite 22% de la population mondiale, mais seulement 7% des réserves d'eau douce. L'industrialisation rapide a contaminé 70% des cours d'eau chinois. Cette double catastrophe, de pénurie et de pollution de l'eau, engendre des maladies, des migrations forcées et la sécheresse. Si rien n'est fait, les grandes villes comme Pékin ou Shanghai pourront être totalement dépourvues d'eau d'ici 2050. La Chine a impérativement besoin de solutions face à ces problèmes apocalyptiques. Elle en a peut-être trouvé une, une solution qui pourrait aussi intéresser le reste du monde.
Sur le fleuve Mississippi aux États-Unis, la ville de Minneapolis organise un concours international. Le but est de trouver le meilleur moyen pour transformer un tronçon de 8,5 km d'une berge vétuste en une osais urbaine. La ville est prête à dépenser 800 millions d'euros sur cinq ans. Parmi les propositions, un projet chinois imagine de remplacer le béton des berges par des plages de sable avec des allées aériennes le long du fleuve. L'industrie locale agirait en harmonie avec la nature.
L'homme qui est à l'origine de ce projet est Yu Kongjian, "architecte de la résilience paysagère". Sa philosophie typiquement chinoise pourrait bien déclencher une tempête. Tour à tour philosophe, éco-architecte, homme du peuple, pour lui, tout tient en deux mots: "grands pieds". "Les grands pieds ce sont les pieds d'un fermier ou ceux d'une fille de paysans",explique-t-il
"Dans la ville d'aujourd'hui, tout est artificiel, les fleuves sont canalisés dans du béton. Nous sacrifions les capacités de la nature. Comment rendre l'eau utilisable et en même temps garder un système d'eau durable? En d'autres termes, comment utiliser la nature pour la nettoyer? », s'est demandé Yu Kongjiang.
Yu Kongkiang pense que la solution est de se rapprocher d'un fermier aux grand pieds plutôt que d'un citadin sophistiqué. Il croit que nous avons tout à gagner en laissant les ressources naturelles suivre leur cours au lieu de forcer la nature à cadrer artificiellement avec notre mode de vie moderne.
Il a utilisé sa philosophie des grands pieds pour nettoyer les cours d'eau de Chine, comme à Shanghai : "La rivière est fortement contaminée, on ne peut même plus y toucher. Nous avons donc essayer d'utiliser ce paysage pour nettoyer l'eau."
Ce processus naturel est conçu pour traiter une eau très polluée et la transformer en eau de baignade. Le principe est simple: l'eau de la rivière s'oxyde à travers une cascade, puis des plantes la filtrent naturellement, enlèvent les métaux lourds, l'azote et le CO2 : c'est un parfait exemple de nature qui suit son cours. Un petit bout d'essai nettoie déjà un bassin de taille olympique chaque jour, et pas seulement pour le bénéfice de l'homme.
"Nous trouvons déjà 37 nouvelles espèces d'oiseaux qui viennent à cet endroit, des tortues, des grenouilles, des poissons et toutes sortes d'animaux sauvages", annonce Yu.
A Pékin, l'équipe met la touche finale à sa proposition pour le projet du Mississippi. Sur les 55 inscriptions issues de 14 pays, le projet de Yu Kongjiang est le seul non-américain à arriver en demi-finale. Après avoir réalisé plus de 1000 projets dans plus de 130 villes chinoises, il se prépare pour une des épreuves les plus difficiles de sa carrière.
Nate Cormier, un paysagiste américain avec travaille en collaboration avec Yu Kongjiang, déclare: "J'ai rencontré le docteur Yu plusieurs fois. Ce qui m'impressionne le plus dans son travail, c'est sa manière d'amener les gens à transformer leur point de vue pour qu'ils soient prêts à faire ces changements. "
Yu Kongjiang continue de propager sa pensée durable à travers la Chine et le reste du monde. Comme tous les pionniers, il fait preuve d'innovation, ses idées font voler en éclat la pensée conventionnelle, elles s'étendent au-delà des frontières et les abolissent.
"Ce n'est pas avec des grands barrages et de grands bâtiments que nous devons montrer au monde notre puissance. Les Chinois peuvent être respectés s'ils rendent la vie plus verte", dit-il, souriant. "Mon vœu pour la Chine est que tout le monde puisse vivre dans un pays d'air pur et d'eau potable. C'est un grand défi. Je pense que la Chine peut le relever."
Il n'y a pas un instant à perdre, après des décennies de catastrophes écologiques, la Chine s'est engagée dans une lutte sans merci contre le changement climatique et elle compte, entre autres, sur les États-Unis pour la rejoindre dans ce combat.
"Je ne pense pas que le monde puisse être sauvé sans la Chine, nous sommes vraiment dépendants les uns des autres", estime Julio Friedman, un scientifique amérciain, spécialiste des énergies. "Je pense que la Chine est en prise avec le reste du monde d'une manière intégrale. Ce la demande un effort considérable pour repousser les frontières des sciences énergétiques et écologiques, et cela influencera le sort de l'humanité. Si la Chine réussit, d'autres suivront. Si elle échoue, nous en subirons tous les conséquences. Le combat pour l'avenir de notre planète ne fait que commencer."
Extrait du documentaire "Chine, la révolution verte" sur :https://www.youtube.com/watch?v=SQrwfn-cvwo
Note du 27 juillet 2020, par Elisabeth Martens :
ce texte a été rédigé en 2015, à une époque où la collaboration entre la Chine et les Etats-Unis au niveau environnemental était au beau fixe et pensait avoir encore de belles années elle. Depuis l'avènement de l'administration Trump en 2017, les choses ont bien changé et, à présent, on parle plus d'une hostilité antichinoise montante en Occident et d'une nouvelle guerre froide que d'une collaboration entre les deux super puissances mondiales.De plus, depuis la crise sanitaire du Covid-19, la lutte contre le changement climatique semble avoir reculer de quelques crans dans les priorités gouvernementales. Plus que jamais, l'avenir de l'humanité est en jeu et nous devons unir nos forces pour que cette guerre froide ne passe pas, et pour ramener la lutte pour la sauvergarde de notre environnement dans les priorités politiques.